Culture Agencement : Pouvez-vous présenter en quelques mots le groupe Tétris ?
Joffrey Bernard : « Tétris est avant tout un spécialiste de l’aménagement de locaux d’activités. Nos clients, qu’ils soient hôteliers, retailleurs ou entreprises tertiaires, font face à un certain nombre d’enjeux, nous utilisons l’aménagement intérieur pour les accompagner dans ces transformations stratégiques pour leurs activités. Le modèle Design and Build, le plus souvent en contractant général, demeure le process principal pour mener à bien ces projets. En quelques chiffres, Tétris est né à Paris en 2003, et s’est solidement développé depuis 16 ans, notamment depuis son acquisition par le groupe JLL en 2007, pour être à ce jour présent dans 15 pays, 33 bureaux, accueillant 800 collaborateurs au travers de 3 continents, et réalisant en 2018 un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros.
Culture Agencement : Quelle importance y tient l’agencement ? Et à quelle clientèle vous adressez-vous ?
Joffrey Bernard : Étant moi-même ébéniste puis agenceur de formation, je définis l’agencement comme une composante essentielle, mais néanmoins partielle de l’aménagement intérieur au sens global du terme, qui est l’activité de Tétris. La partie agencement de nos projets, tout comme l’agenceur parmi nos sous-traitants, tiennent une place grandissante et particulière dans notre activité. Ils représentent potentiellement à eux seuls autant de critères de satisfaction qu’ils peuvent générer de déception, leur exécution est stratégique, les étapes de conception sont primordiales. Historiquement nos clients étaient surtout des « utilisateurs tertiaires », ayant besoin d’adapter leurs environnements de travail à leurs enjeux, immobiliers, RH, digitaux, business, tout ceci en maitrisant le délai, le coût et la qualité durant toutes les étapes du projet, de la recherche de locaux jusqu’à l’arrivée des collaborateurs. Depuis une petite dizaine d’années, nous accompagnons aussi les retailleurs, et les hôteliers, dans l’aménagement de leurs établissements, avec un service plutôt axé sur le build que sur le design, car les enseignes avaient historiquement ces compétences en interne, et les architectes de renom dans ces secteurs sont aussi pour nous des prescripteurs.
Nos clients nous sollicitent toutefois de plus en plus sur le design, dans ces cas, nous faisons preuve de transparence, et nous agglomérons intelligemment dans nos équipes projets, architectes, designers, ou toute autre compétence nécessaire. Dans ce marché contract, Tétris réalise aujourd’hui des projets monos ou multi-sites, dans un niveau de gamme allant de l’hôtel économique au palace, de quelques chambres à plusieurs centaines.
Culture Agencement : Quel regard portez-vous sur le marché actuel de l’agencement ?
Joffrey Bernard : Je dirais que le marché de l’agencement, comme celui de l’aménagement global, évolue en même temps que celui du contract, du retail ou encore du tertiaire, qui évoluent eux-mêmes au rythme des modes de consommation, de la mondialisation, des générations, des avancées technologiques… Cet environnement qui change, nos clients qui évoluent, nos partenaires qui se transforment, ces organisations qui d’une certaine manière se complexifient, sont autant de facteurs d’inquiétude, que d’opportunité pour nous. Notre modèle global, n’est pas le seul qui permet de mener un projet avec succès, mais il est dans ces contextes de plus en plus « à risque », un modèle qui rassure nos clients, nos partenaires et toutes les parties prenantes des projets. Je pense que les entreprises d’avenir ne sont pas forcément les grandes, mais celles qui savent évoluer, s’adapter, et ce n’est pas aisé, dans une structure comme la nôtre, mais encore certainement plus pour une entreprise de production, avec un outil industriel qui ne peut s’adapter à la vitesse des transformations. Dans le même temps, ces besoins de réactivité et de gestion du risque me paraissent être des éléments déterminants grâce auxquels la proximité et la solidité des entreprises françaises redeviennent des atouts majeurs.
Culture Agencement : L’aménagement sur mesure des espaces de vie collectifs se globalise. De fait, avez-vous des rapports de collaboration avec les architectes d’intérieur et les agenceurs ou des cuisinistes haut de gamme ?
Joffrey Bernard : Le sur mesure procure effectivement beaucoup d’avantages car comme son nom l’indique il est adapté à son usager, sauf que les espaces devenant multi-usages, leur conception en est donc tout autant complexifiée. Durant les étapes de conception, peut-importe que cette dernière soit portée par Tétris, le client, un architecte d’intérieur, un directeur artistique, le maitre-mot demeure à mon sens la communication, voire même l’humain. Il faut utiliser les bonnes compétences aux endroits nécessaires, définir les rôles de manière lisible, échanger de manière transparente et bienveillante, en gardant comme point de départ le besoin du client, comme règles du jeu le délai et le prix, comme finalité la satisfaction collective. Dans les limites de cet énoncé, je suis prêt à collaborer avec toutes les compétences possibles et imaginables, du designer à l’instagramer, de l’investisseur à l’utilisateur, de l’artisan indépendant à la multinationale. Et avec ces hommes et ces femmes, nous réaliserons avec plaisir et succès les petits projets d’aujourd’hui comme les grands projets de demain. »
Propos recueillis par Jérôme Alberola
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