Proposer une cuisine ou un dressing peut nuire à l’image…
… Des constructeurs immobiliers. Leur réputation pourrait en effet être dégradée en cas de problèmes avec le prestataire, cuisiniste ou agenceur. Roland Thiaffey, président d’Artis, l’un des leaders de l’immobilier dans les Alpes du nord, explique aussi comment la réduction des surfaces a été compensée ces dernières années.
Culture Agencement : Au cours des dernières années, quelle a été l’évolution de la configuration spatiale des Maisons Artis et a-t-elle incité des agencements plus souples et personnalisables en privilégiant le sur mesure ?
Roland Thiaffey : « Avant tout je dois préciser que nous proposons trois gammes : des maisons en bois, des maisons que nous appelons “Bonheur”, bâties sur des modèles établis, et des maisons sur mesure, conçues à partir de plans originaux et personnalisés de notre maître d'ouvrage. Nous avons aussi une filiale nommée IMOTIS, spécialisée dans la promotion immobilière. L'une de nos valeurs reines est la proximité, avec pour devise de labourer profond plutôt que ratisser large et nous sommes fières de nos racines profondément savoyardes. C'est pourquoi nos constructions s'adressent à des habitants résidant dans les deux Savoie dont elles sont les résidences principales. Lorsque nous avons débuté notre activité en 1989, nous proposions des maisons plus grandes et plus spacieuses qu’aujourd'hui, pour des familles plus nombreuses, comptant 3 voire 4 enfants.
Depuis, la typologie de clientèle a changé, avec la baisse du nombre d'enfants en moyenne par foyer, et l'avènement de familles monoparentales ou recomposées. Ainsi, il n'était pas rare que nos maisons fassent auparavant 120 ou 130 m2, alors que la moyenne actuelle oscille entre 100 et 110 m2 pour les 300 maisons que nous vendons chaque année. Elles comptent toujours 3 chambres à coucher mais leur superficie respective moyenne est passée de 12 à moins de 10 m2. Autre changement significatif : à l'origine, la cuisine était une pièce fermée de 10-12 m2, puis elle s'est ouverte sur la salle de séjour et a enfin fusionné avec cette dernière qui comprend désormais le coin repas et le salon, le tout formant un vaste espace unique. Dans le même temps, la cheminée a peu à peu disparu. Le dressing est quant à lui apparu avec le développement de la suite parentale, jouxtée également par une salle de bains. La deuxième salle de bains est quant à elle partagée par les occupants des autres chambres. La réduction globale de la surface d’habitation des maisons a concerné toutes les pièces, mais elle a été compensée par une optimisation des espaces de chacune qui a aussi servi à contrecarrer la hausse des prix de l'immobilier au cours des dernières années.
Culture Agencement : Les avancées technologiques (domotiques et installations connectées) ont-elles un impact sur vos logements ?
Roland Thiaffey : En effet, elles sont devenues incontournables, mais elles se sont imposées progressivement et depuis plus longtemps que l'on croit souvent. On peut ainsi remonter à l'époque où la taille des fenêtres s'est agrandie pour laisser la place à des baies vitrées équipées de volets roulants électriques. L'avènement de la domotique puis des nouveaux systèmes de transmission par wifi ou bluetooth ont bien sûr accéléré et développé cette évolution, les volets roulants, mais aussi le chauffage, l'éclairage, la porte de garage, ou encore le portail étant désormais commandés et programmés par un smartphone. L'ajout d'une box, telle que celle gérant la télévision et Internet, voire parfois la chaîne hifi, permet de centraliser tout cela.
Culture Agencement : Quelles prestations de services proposez-vous à vos clients : conseil d’un architecte d’intérieur, dressing ou cuisine offerts, mise en relation avec un magasin spécialisé ?
Roland Thiaffey : Nous ne travaillons pas avec des architectes d’intérieur, car nous avons un bureau d'étude composé d'une dizaine de personnes qui travaillent à la conception optimisée de nos logements. Nous préférons nous concentrer sur notre métier de base qui est le foncier, englobant la recherche de terrain disponible, les longues et parfois fastidieuses démarches administratives et enfin la construction de logements. Nos clients sont ensuite bien sûr libres de choisir les prestataires devant équiper leur maison en cuisine, dressing ou autre. En les orientant vers tel ou tel professionnel, nous prendrions la responsabilité, même indirectement, de la bonne conduite des travaux et matériel installés. De fait, toute mauvaise réalisation, insatisfaction ou litige aurait des effets nocifs sur notre image. Or, celle-ci est devenue bien plus fragile et volatile avec l'utilisation massive d'Internet, tant en termes de consultation que de rédaction d’avis sur les forums de consommateurs. Les commentaires négatifs peuvent ainsi nuire considérablement à l'image d'une entreprise et contrarier ses campagnes publicitaires réalisées sur les autres médias. Dans un contexte où la concurrence s'est considérablement durcie, cette nouvelle donne nous oblige à être vigilants et à maîtriser au mieux les prestations délivrées. »
Propos recueillis par Jérôme Alberola
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