« Tirer de chaque pièce une utilité maximale »
Le cinéma n’est pas le seul art à offrir une vision intéressante de l'aménagement de l’habitat, comme le montre parfois notre média associé Culture Cuisine. La littérature le fait aussi et depuis plus longtemps. Exemple ici avec Fitzgerald, qui décrit une utilisation fonctionnelle des espaces et un usage en trompe-l’œil du mobilier.
« Des ateliers, Dick se rendit à l'Églantine et aux Hêtres. Extérieurement, ces pavillons étaient aussi charmants que les autres. Nicole en avait conçu la décoration et le mobilier en fonction de la nécessité absolue de dissimuler les grilles et les barreaux, et de rendre les meubles inamovibles. Elle y avait mis tant d'imagination - la capacité d'invention, qui lui faisait défaut, étant fournie par le problème même – qu’aucun visiteur non averti ne soupçonnait que l'ouvrage de filigrane, délicat et gracieux, qui protégeait une fenêtre était là solide extrémité d'une longe impossible à tordre, que les meubles qui paraissaient inspirés du style tubulaire moderne étaient plus pesants que les plus massives créations de l’ère édouardienne, q
ue les fleurs elles-mêmes étaient placées dans des flûtes de métal, et que le moindre élément ornemental, le plus insignifiant accessoire obéissait à la même nécessité que la charpente d'un gratte-ciel. Son attention infatigable avait su tirer de chaque pièce une utilité maximale. Lorsqu'on lui en faisait compliment, elle parlait d'elle-même comme d’un maître plombier. »
Francis Scott Key Fitzgerald, Tendre est la nuit (1934)
Visuel du haut : tombe du génial écrivain et de son épouse Zelda à Rockville, Maryland (USA), sur laquelle est gravée la dernière phrase de son autre roman phare Gatsby le Magnifique : « Car c'est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé. »
Ce que vivent parfois, de manière moins existentielle certes, les designers et créateurs d’espaces en voulant s’émanciper de leurs inspirations.
J.A
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