Un agencement doublement séculaire pour les pupilles
… Et les papilles. C’est ce que découvrent les gourmets de Nice en passant la porte de la Maison Auer, institution de la gourmandise qui a fait les délices de la reine Victoria et dont les superbes agencement et mobiliers, datant de 1820, font aussi la renommée.
Rares sont les commerces qui fêtent aujourd’hui leurs deux siècles d’existence, a fortiori en étant resté à l’emplacement de leur naissance. La Maison Auer est de ceux-là, 2020 marquant précisément son 200ème anniversaire. Il faudrait ainsi un gros gâteau pour y planter les bougies nécessaires à cet événement. Cet établissement ne s’est toutefois pas spécialisé dans la pâtisserie, mais dans un autre domaine savoureux par lequel il est devenu une véritable institution de la gourmandise dans la belle ville de Nice, à quelques pas de la fameuse place Massena et du charmant cours Saleya : la confiserie. Ainsi Thierry Auer, artisan gérant des lieux et représentant la 5ème génération de la famille fondatrice, perpétue aujourd’hui la tradition en concevant des fruits confits de la même manière qu’en 1820, soit la plus naturelle qui soit. Au fil des générations successives, les savoir-faire se sont ajoutés et aujourd’hui la boutique est tout autant réputée pour ses pâtes de fruits, chocolats, marrons glacés et autres gourmandises.
Avant de flatter les papilles gustatives, un autre motif assure la renommée de la Maison Auer, séduisant quant à lui les pupilles des yeux : l’agencement et le mobilier. Ce charme opère à travers la belle vitrine depuis les premiers jours de la boutique. En effet, les meubles ont été conçus aux débuts des années 1820 par la manufacture Muratori implantée à Nice également (mais disparue quant à elle) et les vitraux aux motifs floraux ont été réalisés quant à eux à l’aube du siècle dernier par l’entreprise Fassi Cadet. Placés verticalement et au plafond, ils participent à la démarcation entre l’espace principal de la boutique et celui du fond, ajouté lorsque les dirigeants de l’époque avaient aménagé un salon de thé que fréquentait la reine Victoria d’Angleterre (ses blasons y ont été conservés). D’autres personnalités et célébrités ont pu savourer les confiseries Auer au cours des décennies suivantes et une scène du film Joyeuses Pâques (1984) avec Jean-Paul Belmondo, Sophie Marceau et Marie Laforêt a été tournée sur les lieux. Le carrelage, remarquable lui aussi, a été posé dans l’espace principal dans les années 1820 puis dans le salon de thé devenu chocolaterie en 1960 à l’initiative du père de l’actuel gérant, la différence de motifs marquant la séparation entre les lieux et les époques.
Pour Thierry Auer, l’agencement et le mobilier de la Maison Auer ont la double vertu d’attirer le regard des passants dans la rue saint François de Paule et de les inciter à pousser la porte pour entrer dans cet univers au charme singulier et délicieusement nostalgique d’une époque révolue. « L’ameublement et la décoration de la boutique constituent aussi son patrimoine auquel nous tenons précieusement. Ils participent pleinement à l’identité et à la notoriété de notre commerce à Nice et bien au-delà, se posant en véritable vecteur de fréquentation. Ils constituent ainsi l’écrin indissociable de nos créations culinaires. Nous comptons donc les conserver soigneusement pour les générations futures afin qu’elles puissent également en bénéficier. »
Jérôme Alberola
test
Partager cet article